Abaris ou les Boréades, tragédie lyrique commandée à Jean-Philippe Rameau par l’Opéra de Paris, fut mise en répétition au printemps 1763 mais de toute évidence abandonnée avant la première.
L’auteur du livret reste incertain même s’il est souvent attribué à Louis de Cahusac, librettiste de nombreuses œuvres de Rameau mais décédé quelques années auparavant.
Atteint de « fièvre putride » le 23 août 1764, Rameau mourut le 12 septembre. L’œuvre ne fut ni représentée ni éditée en son temps.
La première exécution intégrale, en concert, date du 14 avril 1975 à Londres. Elle était dirigée par John Eliot Gardiner, le même chef qui assura la première représentation théâtrale. Celle-ci eut lieu lors du Festival d’Aix en Provence le 21 juillet 1982, après plus de deux siècles d’oubli presque complet en étant pourtant le chef d’œuvre ultime du compositeur.
Amours de la reine Alphise et d’Abaris, protégé du grand prêtre d’Apollon. Mais Alphise est promise à l’un des deux fils de Borée, le dieu des Vents du Nord…
« Il faut pour Rameau, répétons-le, un technicien de l’orchestre, surtout dans cet ultime chef-d’oeuvre du compositeur de Dijon. Transparence instrumentale, netteté de l’articulation et rythmique d’une pulsation irrésistible, les English Baroque Soloists menés par la baguette experte de son chef fondateur atteignent des sommets que même un Rattle ne fait qu’effleurer. Et présence bien sûr superlative d’un Monteverdi Choir suave quand il faut, terrifiant quand il campe les êtres du grand Nord. La distribution n’a guère été surpassée depuis, avec le duo Jennifer Smith (Alphise) et Philip Langridge (Atamas), elle souveraine de ligne et de grandeur tragique, lui d’une souplesse dans le phrasé qui fait oublier un accent un peu exotique. Et que dire des chanteurs français réunis pour cet enregistrement : Jean Philippe Lafont, Gilles Cachemaille, François Leroux, la fine fleur du chant hexagonal, dont on connaît la carrière actuelle. Un must, dont on voit mal qui pourrait le détrôner. »
(Magazine Goldberg)
« Un Gardiner enfiévré et au meilleur de sa forme…qui peut proposer une version aussi exaltante de ces Boréades ? Dynamique, enlevé et précis, le jeu du Britannique fait de lui un traducteur idéal de l’oeuvre de Rameau. Intégralement recommandé. »
(Magazine Classica)
« La musique est sublime. Les airs sont plus émouvants que jamais, les ensembles d’une construction exemplaire, les danses irrésistibles. L’écriture orchestrale est sans cesse ébouriffante d’invention et de génie… »
(Magazine Le monde de la musique )
« Du grand Rameau. Chaque mesure prouve si besoin était, l’invention, la vitalité, l’art des couleurs, la modernité, bref l’éternelle jeunesse d’un compositeur de quatre-vingts ans »…Une telle musique doit être confiée à des interprètes capables d’en respecter les exigences stylistiques sans que soit perceptible le moindre effort…
Un événement discographique »
(Opéra International)
EXTRAITS
Rondeau vif « La troupe volage » Gavottes
Acte I, scène 4
Sémire et le Chœur
« La troupe volage
Des ris et des jeux
Nous suit à tout âge
Et prévient nos vœux.
Sémire
Jamais un sombre nuage
Ne voile à nos yeux
Les beautés des cieux
Chœur
La troupe volage
Des ris et des jeux
Nous suit à tout âge
Et prévient nos vœux. »
« Charmes trop dangereux »
Acte II, scène 2
Abaris
« Charmes trop dangereux, malheureuse tendresse,
Faut-il vous combattre sans cesse,
Et vous voir triompher toujours ?
A ce temple, Adamas consacra ma jeunesse,
Et du Dieu que j’y sers j’implore le secours.
Il voit sans pitié ma faiblesse,
Au pied de ses autels, le trouble qui me presse
Semble s’accroître tous les jours.
Charmes trop dangereux, malheureuse tendresse,
Faut-il vous combattre sans cesse,
Et vous voir triompher toujours ? »
Air un peu gai
Calisis
« Eh ! Pourquoi se défendre ?
Peut-on trop tôt se rendre
A de tendres soupirs ?
A fuir les amoureuses chaînes,
Que l’on doit éprouver de peines
Et qu’on perd de plaisirs ! »
Menuets
Acte III, scène 3
« Borée en fureur »
Acte III, scène 4
Alphise et Abaris
« Borée en fureur rassemble tous les vents
Dans ces climats.
Chœur avec Alphise et Abaris
Quels feux ! Quels terribles éclats !
L’air s’embrase. La terre tremble,
Elle s’écroule sous nos pas.
(Pendant cette symphonie et le chant, les Aquilons s’emparent du théâtre. Un tourbillon entraîne Alphise, un autre s’oppose aux efforts d’Abaris, et après qu’il eût chanté, on enlève Alphise dans les airs.)
Alphise
Juste ciel ! Quelle violence !
Abaris
Cruels, faites sur moi tomber votre courroux.
Alphise, chère Alphise.
Chœur avec Abaris
Ô fatale vengeance,
Dieu redoutable, dieu jaloux. »
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